Avant

C'est quoi ?

L’action Le Roman de la rue prend sa source dans une discussion au coin du feu entre Sebastien et Marion Renauld, qui ont l'idée originale de triturer la forme du Roman pour éprouver le réel. Suivront les innombrables discussions de trottoir que nous avons entre 2011 et 2015 avec Laurent Boijeot et le même Sébastien Renauld, alors même que nous formons un trio d’artistes. Nos performances questionnent l’espace commun et obligent le passant à s’impliquer émotionnellement, à devenir co-auteur de la performance : « Nous travaillons au fait urbain brut contre les formes académiques de spectacle de cercle, ambulatoire ou audio-guidés ».

Farouches lecteurs de Tom Robbins ou de Paul Auster, nous établissons avec gourmandise le constat que l’objet livre, la forme du Roman et l’exercice cognitif de la lecture sont autant de champs d’investigations artistiques en soi, qui mériteraient un écho dans le spectacle vivant et une conjugaison avec le commun de la Rue, que nous éprouvons action après action.

Avec ces deux-là, et le photographe Clément Martin, je produirai une cinquantaine d’actions en 4 années, en sillonnant l’Europe. A cette occasion, je passerai entre autres près de quatre mois dans la rue à habiter le trottoir, à la rencontre du passant, de l’habitant, des gens d’ici, le ici étant constamment mouvant.


Carton 5000


Traversée de Dresde

C'est qui ?

Je, c’est Nicolas Turon, auteur, comédien et artiste de rue, qui depuis près de dix ans conjugue les détails insignifiants et les hasards offerts par les espaces publics pour les mettre en jeu ou en tirer des histoires.

J’imagine Le Roman de la rue comme un véritable livre, édité dans le circuit classique, qui serait nourrit du réel à partir des nombreuses notes cumulées dans mes carnets pendant ces années passées à explorer la ville depuis son versant public, et qui aurait des incidences sur la réalité de nos villes contemporaines.
Le réel qui nourrit la fiction qui nourrit le réel.

Après cette impulsion de départ enthousiasmante, il reste l’essentiel, un travail monumental :

  • Trouver d’abord la forme du Roman, sa langue, et les bonnes données pour ce qui va troubler la frontière entre réalité et fiction – poser une équation littéraire et spectaculaire : ce sera l’objet du travail de l’An Un.
  • Puis relever les myriades de notes, d’anecdotes, de hasards, d’histoires de personn(ag)es croisés dans la rue et rédiger le Roman : ce sera le travail de l’An deux.
  • Fabriquer / mettre en place pendant l’An Trois les débordements de la fiction dans le réel.
  • Enfin, imaginer une forme spectaculaire et vivante qui mette en perspective la somme des travaux accomplis, c’est le 1/24ème.

Un spectacle de rue

À l’aune du nouveau cycle artistique qui attend la rue en Europe dans les trente prochaines années, il y a le souci économique, l’éclatement de la forme traditionnelle et l’ouverture réelle à tous les publics.
Je crois que les jalons posés par notre trio ainsi que l’action Le Roman de la rue présentée ici sont fondateurs.

Pour revenir de manière artistique à la rue, il convient de travailler le trouble du réel et des formes qui s’adressent à l’entendement de l’habitant d’un espace urbain, quel qu’il soit.
Trouver des formes assez ouvertes pour impliquer l’humain sur ce seul dénominateur commun et contemporain.
Pour ma génération, qui assiste à la renaissance du commun de la rue par l'horreur (l'individualisme exacerbé confronté à l'horreur collective des attentats), l’art doit demeurer un levier des grandes émotions – des bonnes raisons d’agir, de faire.

Enfin, force est de constater que le temps des bavardages et des conventions est révolu. L’ouverture post-moderne des multiples médias et la libéralisation des moyens artistiques font que chacun – pour peu qu’il soit un peu malin, peut produire du bavardage artistique, et pourquoi pas en vivre.
Dès lors, pour avancer dans l’histoire de l’art, il ne reste que la force des idées.

En tant qu’auteur, je porte la rédaction du Roman ; en tant qu’artiste de rue, je porte la dramaturgie de la partie vivante et incarnée de l’action, pour créer un livre qui se nourrit du réel de la rue pour créer des continuums dans la réalité ; un spectacle vivant de rue sans limite dans l’espace et dans le temps dont le billet d’entrée est la lecture d’un roman.

sacd