Tch Tch

Second travail solo de Nicolas Turon autour de l'idée de "Roman vivant" après Le Roman de la Rue, Tch Tch est un travail autour des transports en commun qui trouve sa source dans un voyage au Japon, durant lequel l'auteur a emprunté régulièrement la "Tchin Tchin", dernière ligne de tramway de Tokyo, pour y croquer des portraits de voyageurs.

"L’idée de TCH TCH est de bâtir un roman structuré comme une ligne de tramway, qui ferait poésie du quotidien, et dont le contenu serait fourni par le hasard de situations générées dans des transports en commun, de la France au Japon. Un chapitre = un arrêt, qui laissera le hasard monter ou descendre de notre transport narratif en commun.

Il y a dans l’idée de ce projet la nécessité de partager mes outils d’écriture avec des laborantins, des lycéens ou des anonymes qui deviendront les co-auteurs du hasard. J’aime l’idée farfelue d’aller marauder avec des élèves dans les transports français du Grand Est, de proposer des ateliers d’écriture directement à la société de transport d’une grande ville et de retourner au Japon pour emprunter à nouveau la TCH TCH ; de ces trois situations nous tirerons les motifs offerts par le hasard, la répétition et le quotidien qui viendront nourrir ma ligne de tramway romancée.
J’aime l’idée de faire travailler des lycéens sur les mouvements pendulaires, de les confronter à la répétition à l’heure de toutes les premières fois de l’adolescence.

J’aime l’idée de travailler une nouvelle fois aux antipodes, de l’autre côté de la terre : quand le dernier tram rentre au dépôt à Tokyo, le premier Mettis démarre à Metz. Les transports en commun sont une révolution, ils ne s’arrêtent jamais de tourner."

Actions passées

Strasbourg (67)

Une fois qu'elle est écrite et publiée, les élèves de 1ère LES du Lycée Ribeaupierre offrent leur oeuvre aux passagers des lignes de transport sur lesquelles ils ont maraudé, de Colmar à Strasbourg.

(Atelier mené dans le cadre de la résidence à la librairie Au Carré des bulles)

Metz (57) #2 - Hors de Contrôle

Le temps d'un après-midi et d'un aller-retour Université - Hôpital dans le Mettis à Metz, lâcher 40 étudiants à la poursuite de la narration du réel. Composer un texte destiné aux voyageurs de cette même ligne. L'écrire, le mettre en page, l'imprimer, le redistribuer.

(Atelier mené dans le cadre de la résidence à la librairie Au Carré des bulles)

Metz (57)

Octobre 2018 à Mars 2019 - Librairie Au Carré des bulles

(Résidence financée par la Région Grand Est et la DRAC Grand Est)

Chaque jour, se rendre en transport en commun à la librairie et en profiter pour faire des croquis de voyageurs ; les faire infuser dans la fiction de Tch Tch lors du travail de redaction à l'étage de la librairie. Recommencer le soir sur le trajet du retour, avec l'objectif, une fois le roman publié, d'abandonner des ouvrages sur ces mêmes lignes de transport en commun.

Ribeauvillé (68)

Octobre 2018 à Mars 2019 - Lycée Ribeaupierre

(Atelier mené dans le cadre de la résidence à la librairie Au Carré des bulles)

 

Le récit de notre travail par Marc Loison, professeur :

- Cette année nous allons écrire … un roman … dans les transports en commun.

- Euh ...

- Nous allons travailler avec Nicolas Turon, que certains d’entre vous ont croisé l’an passé lors de la représentation de Fracasse. 

- Euh … c’est qui ? 

- Tu verras il s’est fait tatouer une ville imaginaire sur le dos, on a joué dans sa pièce. 

- Donc on va se promener ? Tu me diras, on n’a pas de voyage prévu, ça nous fera prendre l’air. 

- Bon alors, en vrai, on va faire quoi ? 

Et là arrive Nicolas et en l’espace d’une séance d’observation et d’écriture, le voilà qui entraîne tout le monde dans son sillage. 

Il commence par distribuer des carnets qui contiennent les textes des ateliers précédents, de petits messages ou essais qu’élèves comme adultes ont laissé au fil des pages. Il explique ce qu’il attend des élèves qui se prêtent au jeu : observer des détails remarquables dans une salle de classe. Une toile d’araignée, une fissure, un graffiti, une punaise deviennent autant de promesses d’histoires que les élèves assemblent et développent pour composer des fictions de quelques lignes. On s’amuse à écrire l’histoire d’un élève qui … ou d’un autre qui …. Les carnets se remplissent, l’attention éveillée pour de bon et le projet sur les rails. 

Deux immersions durant, l’une à Colmar sur une ligne de bus et dans le hall de gare, l’autre à Strasbourg, dans le train et le tram, les élèves notent, engagent la conversation avec les passagers, présentent le projet et en retirent des anecdotes. Les voyageurs se livrent, plutôt facilement. Les élèves sont exténués d’avoir entendu des histoires, d’avoir été à la rencontre de l’autre, malgré les réticences. 

Le réel devient un terrain de jeu immersif, un terrain d’écriture à grande échelle. Nicolas et moi nous tenons à l’écoute, participons. Un temps, Clément nous rejoint pour des clichés qui capturent l’esprit de ces journées.  

Le risque de la page blanche est définitivement écarté lors des ateliers suivants : en groupe, on rédige, on assemble, on propose. Une trame se dessine, des personnages apparaissent et d’étape en étape un récit se construit. C’est le temps des si. 

Et si on racontait l’histoire d’une jeune femme. Elle aurait acheté un ticket de bus qui serait aussi un ticket de loterie : elle ne connaîtrait sa destination qu’en grattant. T’imagines ?  

On pourrait aussi ajouter une playlist, une chanson par chapitre.

Et si elle était un perdu comme cet homme dans la gare qui parlait aux distributeurs de café ? 

Nicolas passe dans les groupes, écoute, conseille, corrige et propose. On rit beaucoup, on travaille autant.
L’histoire de cette jeune fille devenue amnésique, qui voyage pour retrouver la mémoire s’impose rapidement, au milieu d’autres propositions, toutes dérivées des expériences vues, du hasard des rencontres et des premiers essais. Un sac de sport, un panneau, un son deviennent la base d’un chapitre. On apprend à puiser dans les choses vues des motifs narratifs, écrire à partir d’un rien, un ticket de tram contient finalement nombre d’histoires possibles, un voyage autant qui s’adresse tout autant à l’imaginaire.     

Le travail de l’écriture à 35 demande aussi qu’on se fixe des règles stylistiques. Rapidement, certains élèves prennent les choses en main et se proposent de relire, d’unifier l’expression dont le parti pris est celui de la sobriété, de la simplicité : le présent pour son immédiateté, le narrateur reste un observateur, ne juge pas, les actions, les pensées du personnage prennent le dessus. C’est au lecteur de faire le travail, de ressentir et de se laisser aller à imaginer. On observe le monde, on restitue au réel ce qui lui a été pris.       

Presse